De la nécessité de vulgariser la loi portant interdiction utilisation des sachets non biodégradables

Article : De la nécessité de vulgariser la loi portant interdiction utilisation des sachets non biodégradables
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1 juin 2020

De la nécessité de vulgariser la loi portant interdiction utilisation des sachets non biodégradables

Déchet
Crédit photo Chams-Dine Baguiri


La loi n°2017-39 portant interdiction de fabrication, importation, vente et utilisation des sachets non biodégradables peine à être respectée au Bénin depuis sa promulgation le 26 décembre 2017. Les phases de répression annoncées pour l’application effective de la loi n’ont pas abouti. Entre autres raisons, l’importation, la fabrication, la vente continuelle de ces sachets non biodégradables au Bénin. Sans occulter le manque d’éducation citoyenne des populations à l’utilisation des emballages biodégradables.

Nocivité des sachets

Chaque année entre 500 et 1000 milliards de sacs plastiques sont utilisés dans le monde selon une enquête de l’entreprise Greenberry publiée en 2011. Au Bénin, des milliers de sachets plastiques sont déversés quotidiennement dans la nature selon Sylvie De Chacus S. de la Faculté des Lettres Arts et Sciences de l’Université d’Abomey-Calavi. Elle a écrit un article intitulé à ce sujet.

Le document scientifique est intitulé ‘’les sachets plastiques : une nouvelle forme de pollution généralisée aux conséquences imprévisibles, publié en 2017. Cette enquête de la scientifique a porté sur cinquante personnes dans plusieurs localités du Bénin sur un mois. Cette recherche révèle que 98% des questionnés dans leur comportement quotidien jettent consciemment ou inconsciemment dans la nature un sachet plastique.

Ces sachets ne sont pas recyclés et finissent leur course dans la nature sans compter que ceux-ci peuvent mettre jusqu’à 400 ans avant de se décomposer (Ifremer, 1995, 1975) ce qui crée quoi qu’il arrive une pollution durable des paysages. Ces sachets plastiques généralement noirs, bleus, roses et blancs se retrouvent également dans les caniveaux. En raison de l’incivisme des populations provoquant ainsi une pollution visuelle permanente de l’environnement.

Cependant, le blog français info vie pratique dans sa publication du 2 août 2019, ressort le caractère polluant des éléments chimiques composant les sachets plastiques. Ces sachets plastiques non biodégradables sont fabriqués avec des énergies fossiles, du pétrole et beaucoup d’eau qui rejettent des tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. « Leur fabrication épuise donc les ressources de la planète tout en attaquant la couche d’ozone contribuant ainsi à l’appauvrissement des ressources naturelles et au réchauffement climatique » ajoute le blog.

Une loi votée en 2017 pour lutter contre les sachets plastiques au Bénin

C’est pour éviter les effets négatifs de ces sachets plastiques sur l’environnement et les hommes, que le Président du Bénin Patrice Talon a promulgué le 26 décembre 2017, la loi n°2017-39 portant interdiction de fabrication, importation, vente et utilisation des sachets non biodégradables.

Environs trois ans après son entrée en vigueur, cette loi n’est toujours pas observée. Jusqu’à ce jour les sacs plastiques s’utilisent au quotidien dans les ménages, les marchés, les hôpitaux, etc.

Seules quelques pharmacies ont respecté la loi pendant un temps. Ceci en raison de l’insuffisance d’emballages biodégradables pour desservir toutes les villes du Bénin. Selon Razaki Sabi Zingui, Président du Réseau Béninois du Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau RBPMJE ex Parlement National de la Jeunesse pour l’Eau et l’Assainissement du Bénin, la lutte contre les sachets plastiques sera effective si l’Etat met en place une politique ‘’zéro sachet plastique non biodégradable au Bénin’’. Ceci pour l’interdiction stricte de l’entrée et la fabrication dans le pays des sachets plastiques.

Zéro sachet à l’intérieur de l’UAC, un exemple à suivre

Le Président du RBPMJE s’appuie sur un exemple et s’explique :

« Depuis environ cinq ans, à l’Université d’Abomey-Calavi, le recteur d’alors Brice Sinsin avait pris la décision concernant l’interdiction de l’usage et de l’entrée des sachets plastiques sur le campus. La mesure a été respectée et demeure malgré le départ à la retraite de l’autorité rectorale. Ensuite, la mesure a fait école à l’Université de Parakou dans le septentrion. Cette peut donc s’étendre dans toutes les communes du Bénin ».

Razaki Sabi Zingui, Président du Réseau Béninois du Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau

Pour l’application effective de cette politique, tous les services déconcentrés de l’Etat doivent être impliqués. La douane béninoise et les forces de sécurité au niveau des frontières doivent recevoir des instructions pour s’assurer qu’aucun sachet plastique n’entre au Bénin.

Faire la promotion des emballages locaux biodégradables

En remplacement aux sacs plastiques, plusieurs promoteurs offrent d’autres alternatives en proposant des emballages biodégradables faits en papier kraft. Ceux-ci ont l’avantage d’être biodégradables, réutilisables et recyclables plusieurs fois. Certains artisans béninois proposent aussi des sacs faits à base de coton, exposés à l’occasion des foires. Ces emballages sont beaucoup plus respectueux de l’environnement. Ils sont solides et réutilisables sur une longue durée.

Il est donc nécessaire pour l’Etat de trouver une autre politique pour la production en quantité suffisante des emballages biodégradables au Bénin. Ces derniers seront mis sur le marché pour permettre à chaque béninois de s’en procurer. L’Etat doit poursuivre la lutte à travers la saisie des sachets plastiques. Une fois ces sachets saisis, les services compétents peuvent procéder à leur incinération sur un site éloigné des habitations.

Une campagne digitale pour sensibiliser

La vulgarisation de loi n°2017-39 portant interdiction de fabrication, importation, vente et utilisation des sachets plastiques non biodégradables passera aussi par une campagne digitale de sensibilisation pour un changement de comportement des populations sur une période donnée. Passé ce délai, les contrevenants devront être effectivement sanctionnés selon la réglementation en vigueur. La loi prévoit des peines pécuniaires allant de 5 mille à 50 millions de franc CFA et des peines privatives de liberté allant de 3 à 6 mois d’emprisonnement en fonction de la gravité de la faute commise.

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Commentaires

Mola
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Franchement, un travail de professionnels

Chams-Dine Baguiri
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Merci beaucoup Razack. Je continuerai ainsi