Bénin : le collectif des artisans de Tanguiéta formés sur des thématiques en lien avec les objectifs de développement durable

Article : Bénin : le collectif des artisans de Tanguiéta formés sur des thématiques en lien avec les objectifs de développement durable
Crédit: Daniel Koto Dagnon
20 juin 2022

Bénin : le collectif des artisans de Tanguiéta formés sur des thématiques en lien avec les objectifs de développement durable

A Tanguiéta, dans le nord du Bénin, un collectif d’artisanes et d’artisans, et l’association d’Appui à l’Apprentissage et au Développement de l’Artisanat dans la Commune de Tanguiéta (AADACT) ont mesuré l’urgence de transformer leurs pratiques et leurs activités. Il décide de renforcer et dynamiser la formation des jeunes apprentis qu’ils ont sous leurs responsabilités.

En appui à cette volonté et avec leur partenaire français l’association Artisanat Solidarité Nord Bénin Nord de France (ASNBNF), ils ont initié la construction d’un centre dédié aux artisans et apprentis sur la commune et la création d’une station de pompage pour alimenter le centre et fournir en eau les riverains. Ce projet destiné aux artisanes et artisans, apprenties et apprentis de la commune de Tanguiéta vise à améliorer la productivité des ateliers et les conditions d’apprentissage.

La finalité est de développer la qualification et faciliter l’insertion des jeunes les plus démunis. Il est financé par l’ASNBNF grâce aux dons de ses adhérents et mécènes et les soutiens du Conseil régional des Hauts-de-France, de la fondation du groupe EDF, de la fondation Agir Sa Vie, de la fondation Rotary International et ses clubs associés, la Guilde via son agence des microprojets, la Métropole européenne de Lille et l’Agence de l’Eau Artois Picardie.

Toujours dans la dynamique d’apporter son appui à Tanguiéta et soucieuse d’apporter des réponses aux besoins de formation exprimées par le collectif des artisans, l’ASNBNF a organisé une formation aux artisans de Tanguiéta. Celle-ci a porté sur le cycle de l’eau, le changement climatique, l’hygiène de l’eau et la consommation de l’énergie en lien avec le développement durable.

Les grands axes de la formation  

La formation s’est déroulée du mardi 31 mai au vendredi 3 juin 2022 à Tanguiéta, une commune du nord du Bénin dans le département de l’Atacora. Cette formation a été animée par une équipe de consultants, Daniel Koto Dagnon et Razaki Sabi Zingui.

« Notre mission a été d’outiller 15 apprentis et 15 artisans autour de plusieurs thématiques liées aux ODD. Une fois formés, ils auront ensuite la responsabilité de partager leurs acquis avec les autres apprentis et artisans de Tanguiéta. C’est donc une formation des formateurs, » dixit Daniel Koto Dagnon à l’entame des travaux.

« Les participants à cette formation sont les futurs utilisateurs et garants du centre dédié aux apprentis et artisans de la localité et de la station de pompage. Notre intervention se veut être une communication sociale pour l’adoption des bonnes pratiques dans les domaines de l’eau, l’hygiène et l’énergie à respecter dans le centre », ajoute Razaki Sabi Zingui.

Cette démarche de formations associées aux projets d’infrastructures constitue la ligne de force de l’intervention de l’ASNBNF et de l’AADACT qui considèrent qu’une bonne appropriation par les usagers des outils et lieux mis à leur disposition passent par la formation et la responsabilisation de chacune et chacun.

Les 7 thématiques déroulées par les consultants

La formation s’est déroulée en deux étapes. Soit deux jours de formation avec les artisans et artisanes (patrons et patronnes d’ateliers) et deux jours avec leurs apprentis. Les mots de bienvenue de la présidente de l’ASNBNF et du président de l’AADACT donnent le top. Sept thématiques ont été abordées durant les quatre jours de formation. Elles se déclinent de la façon suivante :

  • Eau, source de vie
  • D’où vient l’eau ?
  • Impact du changement climatique sur le cycle de l’eau
  • Lavage des mains
  • Gestion de l’eau : transport/ stockage/ consommation
  • Entretien du point d’eau : cas d’un forage muni de pompe à motricité humaine
  • Gestion économique et durable de l’énergie

A l’aide des séquences de figurines et des jeux d’images, les consultants ont amené les participants à identifier eux-mêmes les messages clés à retenir de chaque communication.  

La visite du centre de formation, la délivrance des attestations de participation ont mis fin à ces 4 jours de formation. Les autorités locales ont honoré de leur présence la cérémonie de clôture des travaux. Au terme des activités la Présidente de l’association Artisanat Solidarité Nord Bénin Nord de France (ASNBNF) présente l’association. Cathy Buquet-Charlier car c’est d’elle dont il s’agit ne manque de parler du projet de création d’une station de pompage et de salle de formation au profit des artisans.

Présentation de l’ASNBNF

Cathy Buquet-Charlier, présidente de l’association Artisanat Solidarité Nord Bénin Nord de France (ASNBNF)

« Notre association est dans le nord de France. Elle a pour objet d’aider le développement et l’apprentissage de l’artisanat dans le Nord du Bénin. Depuis 2018 on s’est investi auprès d’eux parce qu’il y a une belle dynamique collective.  C’est ce qui nous motive à soutenir leurs initiatives et à être au rendez-vous de leurs besoins. Cela nous a conduit à créer l’association et aussi à nous investir pour la création d’un centre technique et de formation pour les apprentis et les artisans. En appui à cette infrastructure, s’ajoutent deux autres : une infrastructure photovoltaïque et une station pompage d’eau.

Cette station de pompage d’eau, on l’a souhaitée à la fois pour fournir de l’eau pour le centre mais aussi pour faciliter l’accès à l’eau des populations riveraines. On a eu la chance d’être aidé par plusieurs partenaires. Il y a la fondation Agir Sa Vie qui nous aide depuis la création de l’association en 2018, l’Agence de l’Eau Artois Picardie, la Métropole Européenne de Lille et également la Guilde via son agence de micro-projets. Tous ces soutiens nous ont permis de trouver le budget nécessaire. Mais attenant à cet investissement, nous avons souhaité qu’il y ait des formations à la fois pour qualifier les personnes qui demain pourraient assurer l’entretien, la maintenance et pour sensibiliser les usagers pour une bonne appropriation. Et très naturellement nous avons pensé que ce serait intéressant d’avoir cette capacité de sensibiliser à la fois apprentis et patrons sur le cycle de l’eau, la gestion de l’eau et de l’énergie.

Nous avons eu la chance de rencontrer deux jeunes personnes Daniel Koto Dagnon et Razaki Sabi Zingui, qui ont su complètement répondre à nos attentes. C’était important car ce qui est difficile quand on vient de France, c’est de bien mesurer quel dimensionnement donner à ces formations tant dans la forme que dans les contenus.

Là maintenant, ce qu’on espère de ces 15 jeunes et 15 patrons et patronnes qui ont été formés, c’est qu’ils puissent être des relais d’information et de sensibilisation. Ils ont le devoir de passer le message à la fois dans la pratique mais aussi dans ce que représente l’eau dans notre quotidien mais plus globalement dans l’équilibre mondiale en termes d’environnement ».

Le premier contact des artisans de Tanguiéta avec Cathy 

Crédit photo Razaki Sabi Zingui

Noël Eugène Kouti est le président du collectif des associations et groupement professionnels des artisans de Tanguiéta et également le président de l’AADACT. Il nous parle de comment est né le partenariat entre le collectif des artisans de Tanguiéta et l’association (ASNBNF) dirigée par Cathy.

« En réalité, j’avais introduit une formation en gestion des ressources humaines au niveau de ‘’Planète Urgence’’ et après 6 mois ils nous ont fait comprendre qu’on aurait une formatrice qui n’était autre que Cathy. Elle est donc venue en juin 2018 et à la fin de la formation je lui ai fait part des difficultés et des besoins que rencontrent les artisans de la commune de Tanguiéta. Ainsi trois semaines après son départ, elle m’a fait comprendre qu’elle avait trouvé des gens qui étaient prêts à nous accompagner et proposait une feuille de route pour nous aider. L’association Artisanat solidarité nord Bénin nord de France a été créée fin juillet 2018 avec 17 fondateurs et un accord de coopération a été signé entre nos deux organisations en avril 2019. La même année, Cathy a pu apporter du matériel grâce à une collecte sur une plateforme de fonds participatifs et nous avons pu démarrer les classes de la seconde chance. »

Le soutien de la fondation Agir Sa Vie a été déterminant pour mettre en place 3 classes qui aujourd’hui accueillent 140 jeunes. Nous avons aussi créé aussi des bourses d’insertion pour insérer des orphelins pour apprendre un métier de leur choix. Puis, il y a eu la construction du centre pour la promotion de l’Artisanat qui est une réalité à l’heure actuelle. On a demandé à ce que le centre soit doté d’un forage. Cette infrastructure en plus d’alimenter le centre, permettra de régler les problèmes d’eau de la population riveraine vu que l’eau fournie par Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) n’est pas présente dans cette zone ».

Eugène Kouti a la ferme conviction que les partenaires ne regretteront pas d’avoir investi dans la construction de ces joyaux.

Impressions des participants au terme de la formation

Yarigo Marie patronne d’un atelier de couture 

« Pendant les deux jours moi j’ai appris beaucoup de choses. Par exemple, l’origine de la pluie à travers le cycle de l’eau. J’ai eu des connaissances sur comment la transporter de manière à conserver sa qualité, comment entretenir nos points d’eau potable, comment économiser l’eau. Sans oublier les bonnes pratiques pour une gestion économique et durable de l’énergie. Je suis très contente de tout ce que j’ai appris. Etant une patronne couturière je vais parler de ces notions à mes apprentis. J’ai aussi un forage à la maison. Je mettrai donc en application les bonnes pratiques autour de mon forage et enfin sensibiliser les personnes qui viendront autour du point d’eau. Merci beaucoup !».

Adiza Boudjali apprentie couturière

« Cette formation m’a permis de connaitre le cycle de l’eau et l’importance de l’homme et des arbres dans ce dernier. L’arbre joue un rôle important sur terre. Il faudra encourager le reboisement au regard de la déforestation observée. Avant je ne connaissais pas les moments critiques de lavage des mains mais grâce à cette formation, je suis satisfaite. Je vais sensibiliser mes collègues et mes frères sur ce que j’ai appris pour l’adoption de bons comportements par tous. Je remercie les initiateurs de cette formation ».

Aucun métier n’est réservé seulement aux hommes

Diane Tankouanou apprentie soudeuse pense que la soudure n’est pas un métier que seuls les hommes peuvent apprendre ou exercer. En plein apprentissage, elle a pour ambition d’être plus tard patronne et d’ouvrir son atelier de soudure. Elle sort aguerris à l’issu de la formation.

« J’ai appris que nous devons aussi économiser l’eau et l’homme est responsable des changements climatiques. Pour ce fait, nous devons avoir de bons comportements afin de ne pas faire souffrir les générations futures. Cette formation m’a permis de comprendre que l’eau est source de vie et il faut donc la sauvegarder ».

Firmin Gazéré, apprenti coiffeur n’en dira pas moins que Diane

« Je remercie nos patrons et les bailleurs de fonds qui nous ont permis de recevoir cette formation. Il était vraiment important pour nous de connaitre le cycle de l’eau et son fonctionnement. Grâce à cette formation, j’ai appris que l’eau douce sur terre peut finir un jour si nous la gaspillons.  Je ferai la restitution aux autres apprentis qui n’ont pas eu la chance de suivre la formation au même titre que moi ».

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Commentaires

Buquet-charlier cathy
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Un merci tout particulier aux formateurs et également au représentant de la mairie pour son soutien et sa présence à la remise des diplômes
Une belle dynamique qui portera ses fruits sans aucun doute